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L'écrivaine franco-marocaine Leïla Slimani
Lauréate atypique du Goncourt en 2016

06 avril 2018 Culture
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À tout juste 35 ans, l’écrivaine franco-marocaine Leïla Slimani a décroché le célèbre prix Goncourt en novembre 2016. Portrait.

 

L’itinéraire d’une femme libre

Leïla Slimani voit le jour en 1981 à Rabat. Sa mère est l’une des premières femmes médecins du pays, un modèle rare de liberté et d’indépendance. Son père a étudié en France et fait carrière au Maroc comme secrétaire d’État aux Affaires économiques avant de devenir PDG de la banque Crédit immobilier et hôtelier. Avec eux, la jeune fille vit dans une « bulle protégée », comme elle l’expliquera au « Point » en 2016. « J’ai eu une existence un peu marginale par rapport au reste de la société marocaine », confie-t-elle. Le soir, son père lui conte « Les Mille et Une Nuits ».

La jeune Leïla étudie au Lycée français de Rabat puis s’envole pour Paris en 1999. Elle y entre en classes préparatoires littéraires et décroche le concours d’entrée de Sciences Po. Lectrice passionnée, elle dévore Anton Tchekhov, Milan Kundera… Admiratrice de Stefan Zweig, elle va jusqu’à entreprendre un long voyage en Europe de l’Est sur les traces de l’écrivain autrichien, à Prague, Vienne et Budapest.

Leïla Slimani se rêve un temps comédienne. Après un passage par le Cours Florent, elle s’essaie au cinéma : on la retrouve dans « Wake up Morocco » de Narjiss Nejjar en 2006. Mais c’est vers une autre voie qu’elle décide finalement de s’orienter : celles des mots et du journalisme. Fraîchement diplômée d’ESCP Europe, elle intègre la rédaction de l’hebdomadaire « Jeune Afrique » en 2008.

La douzième lauréate du prix Goncourt

En 2014, les éditions Gallimard publient son premier roman, « Dans le jardin de l’ogre ». Avec son sens aigu de la psychologie et sa prose percutante, Leïla Slimani impose une noirceur bien à elle. Son deuxième opus, « Chanson douce », est un récit glaçant : celui d’une nounou tueuse d’enfants, inspiré d’un fait divers survenu à New York et transposé à Paris. Le 3 novembre 2016, ce roman lui permet de remporter le prix Goncourt, le plus prestigieux des prix littéraires français.

« Leïla Slimani a apporté à la langue française une nouvelle facette d’écriture », déclare à l’Agence France-Presse l’écrivain Tahar Ben Jelloun, lauréat du Goncourt 1987 et aujourd’hui membre du jury. Le jour de la remise du prix, l’écrivaine revenait de son pays natal. « J’ai été très émue par les étudiants, et surtout par les jeunes étudiantes que j’y ai rencontrées, confie-t-elle à Radio France internationale. Elles ont envie d’écrire, elles ont envie de lire, elles ont envie de liberté, d’une parole libre et franche. J’espère vraiment être à la hauteur de ce qu’elles attendent de moi ». L’écrivaine franco-marocaine est la douzième femme à remporter le prix Goncourt depuis sa création en 1903.

Photos © Sciences Po Paris, DR




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