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Afrofuturisme : diasporas et frontières

02 décembre 2021 Culture
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Avec pour principe la langue française, l'exposition Afrofuturisme : diasporas et frontières compile 10 titres de courts métrages en rapport avec le mouvement afrofuturiste. Les films apportent le pouvoir des récits de fiction spéculative médiatisés par l'ascendance et la technologie dans des perspectives noires, concevant un regard critique pour réimaginer le passé, intervenir dans le présent et, par conséquent, transformer l'avenir. Avec des passages entre le Burkina Faso, le Congo, la Guadeloupe, la Belgique, la Martinique, Madagascar, la Réunion, la France et le Brésil, les œuvres sont divisées en deux programmes : Utopies noires et enfance, jeunesse et fabulation,
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Le programme 1, intitulé Black Utopias, rassemble des titres dont le territoire sert de prémisse à la réflexion et à la fabrication d'autres espaces en Afrique et dans ses diasporas. Le contexte historique dans lequel s'inscrivent les récits provient de lieux qui confrontent les versions déjà préétablies des faits, ce qui donne une force utopique en supposant d'autres lignes possibles dans l'histoire officielle du monde. Dans Bablinga (Fabien Dao, Burkina Faso/France, 2019), les souvenirs fantomatiques du passé se mêlent aux perspectives d'un avenir dans lequel il est possible de retourner dans le village natal, dans un récit où migration et émerveillement se rejoignent. Fouyé Zétwal (Labourer les étoiles, Wally Fall, Guadeloupe, 2020) fait se télescoper l'histoire personnelle et l'histoire politique de la Guadeloupe, dans un exercice poétique d'expérimentation. Radicale également est la spéculation historique proposée par MADA ou l'histoire du premier homme (Laurent Pantaléon, La Réunion, 2021), un faux documentaire qui réimagine avec beaucoup d'humour l'origine de l'humanité en dehors des perspectives eurocentriques. Dans NoirBLUE - les déplacements d'une danse (Ana Pi, Brésil, 2018) les frontières afrodiasporiques sont refaites comme des chorégraphies d'une danse transnationale et intemporelle. En clôture du programme, la création visuelle et musicale afrofuturiste de Baloji explose dans le magnifique Peau de Chagrin / Bleu de Nuit (Baloji, RDC/Belgique, 2018). Dans cet ensemble de films, l'imagination apparaît comme une possibilité de se confronter au passé pour penser à d'autres façons de construire des futurs plus vivables.

Programme 2 : Enfance, jeunesse et fabulation imprègne l'univers des enfants et des jeunes qui ont aussi l'imaginaire comme fil conducteur. Les films de ce programme comprennent le corps des enfants/jeunes comme une puissance créatrice d'autres possibilités d'existence. Dans Invincible (Cédric Ido, Burkina Faso/France, 2013), la réalité complexe d'un Burkina Faso en pleine tourmente prend les contours fantastiques de l'univers des super-héros à travers le regard enfantin du protagoniste du film. Le fantôme du roi (Raphaële Bénisty, France, 2018) poursuit le fantôme et les souvenirs de Michael Jackson en Côte d'Ivoire, terre de ses ancêtres et, désormais, de son esprit. Doubout (Sarah Malléon & Pierre Le Gall, France, 2018) transforme la tristesse de partir loin de chez soi en un jeu de chasse aux monstres pour enfants. Situé dans un futur proche, Chico (Irmãos Carvalho, Brésil, 2016) aborde l'impossibilité pour les enfants noirs de vivre pleinement leur enfance, étant criminalisés par l'État dès leur plus jeune âge. Dans Inexorable (Philippe Lugsor, Martinique, 2018), l'avenir de la jeunesse noire est menacé par une catastrophe écologique et la domination des grandes entreprises. Il s'agit donc d'un spectacle qui envisage de nouvelles façons d'entrer en contact avec le monde qui existe déjà - soit pour le suspendre, soit pour le remplacer par d'autres mondes (im)possibles.

Traversant les diasporas et les frontières dans Afrofutures, l'exposition invite les spectateurs à redéfinir les significations de l'utopie et de la fabrication à partir des perspectives noires. Ainsi, l'utopie peut être perçue comme une imagination radicale qui défie la linéarité temporelle et les barrières spéciales. Et l'afrofabulation comme moyen critique de cette réalité, qui ouvre des voies pour que d'autres significations puissent être définies et expérimentées.

Bonnes séances !

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