Des tournures tirées par les cheveux ?
Dans la description de situations quotidiennes, qu’on ait le cœur sur la main ou la dent dure, on soumet souvent le corps à rude épreuve. Petit éclairage sur quelques expressions imagées. À lire sans prendre ses jambes à son cou !
Nez creux ou chevilles enflées ?
En ces mois d’hiver et de rhume, chacun sait qu’on se porte mieux lorsqu’on n’a pas les narines bouchées. Quand on a le nez bien dégagé, le « nez creux », on a toutes les chances de flairer la bonne affaire, de saisir la bonne opportunité. Dans le cadre professionnel, voilà qui vous permettra de passer pour un gagnant.
Mais prenez garde à ne pas avoir « les chevilles qui enflent ». C’est ce qui arrivait aux courtisans de Louis XIV à qui l’on doit l’expression. Certains d’entre eux avaient le droit d’ajouter, à la façon du roi, des talons rouges à leurs souliers. Les plus vaniteux bricolaient leurs chaussures pour rendre la distinction visible. Un procédé douloureux autant qu’une entorse au bon goût.
Plutôt casser du sucre…
Recevoir les faveurs de Louis XIV excitait les jalousies : à Versailles, l’ambiance était peu amène. On « se sucrait des uns des autres », c’est-à-dire qu’on prenait volontiers ses congénères pour des imbéciles. L’expression évolua. Le sucre, substance rare et coûteuse, se vendait par pain qu’il fallait casser avant consommation. « Casser du sucre sur le dos de quelqu’un » a peu à peu désigné l’attitude consistant à dénigrer un tiers.
… qu’avoir les oreilles qui sifflent
Si la médisance se pratique avec une certaine gourmandise, il n’y a rien de plaisant à la subir. On a beau vouloir demeurer sourd à la critique, il se peut qu’on ait quand même les oreilles qui sifflent : c’est le terme employé lorsque l’on dit du mal de vous en votre absence. Consolez-vous : au milieu du XVe siècle, on disait « avoir les oreilles qui cornent », ce qui semble encore plus pénible.
Si l’on vous calomnie, gardez des nerfs d’acier. Quand viendra la vengeance, vos détracteurs s’en mordront les doigts. Il suffit d’attendre le bon (mot)ment…
Crédit photo : Sami Taipale