Alain Laurens : solide comme le chêne, perché comme l’oiseau
Les Français sont complètement perchés. La preuve : ils sont de plus en plus nombreux à se construire des cabanes dans les arbres. À l’origine du phénomène, un homme, Alain Laurens et sa fine équipe de la Cabane perchée.
La Cabane perchée, une histoire de rencontres
Après trente ans dans la pub, Alain Laurens a jeté l’éponge pour vivre perché, ou plutôt pour y inviter les autres. À peine engage-t-on la conversation avec cet entrepreneur hors du commun qu’il évoque les mots d’amitié et de confiance. Il faut dire qu’il a dû en falloir une certaine dose pour que ses deux compères, Daniel et Ghislain, acceptent de se lancer dans cette aventure un peu farfelue.
Le premier est aquarelliste, le second compagnon charpentier. Tous trois choisissent leur nouvelle branche en 2000 et ne le regretteront pas : ils construisent aujourd’hui plus de 30 cabanes par an dans les arbres de France et du monde.
Mais succès ne rime pas avec industrialisation : l’entreprise conserve ses méthodes artisanales et une approche résolument humaine. Pour preuve, Alain Laurens se fait un devoir de rencontrer en personne chacun de ses clients. Il finit d’ailleurs la plupart du temps à leur table: la relation qui se construit dépasse de loin la simple transaction matérielle.
De la cabane brouillon au succès international
Leur première création, ils la baptiseront « cabane brouillon » et la construiront dans le jardin d’Alain Laurens. Un moyen de démontrer concrètement à ceux qui en douteraient le charme de ces petites constructions proches de la nature et du ciel.
Très vite, le bouche-à-oreille fonctionne, et les commandes affluent. En l’espace de quinze ans, la petite entreprise construit pas moins de 500 cabanes. L’équipe de départ s’agrandit et compte bientôt onze personnes : charpentiers, menuisiers, plombiers, électriciens… De la cabane pour particuliers à la vaste suite en hauteur pour hôtels de luxe, le modèle dépasse les frontières de l’Hexagone et s’exporte à l’étranger : « La Cabane perchée va là où on l’appelle. »
Cette success story s’explique sans doute par la mobilisation de savoir-faire exceptionnels en matière de conception et de réalisation. Chaque cabane est un modèle unique, intégralement fabriqué en France, puis monté sur place. Mais il y a une autre raison à l’enthousiasme suscité par ces nids pour humains perchés entre 10 et 15 mètres de haut. Et cette raison cette fois est très immatérielle. La cabane est un lieu de refuge éminemment symbolique, qui parle à l’imaginaire et ravive la part d’enfance enfouie en chacun de nous. « Tout le monde a construit des cabanes petit », souligne Alain Laurens.
Les rêves sous l’écorce
Rêve de gosse devenu réalité, La Cabane perchée est indissociable de la personnalité de son fondateur. Enfant rêveur et peu appliqué à entrer dans les cadres éducatifs qu’on lui impose, il aura souvent l’impression de faire partie « des branches que l’on taille pour ne garder que les meilleurs éléments ».
Mais là encore, les rencontres feront tout : du Club Med à la pub en passant par la taille de la pierre, Alain Laurens change de peau au gré des circonstances que le destin lui offre. De son âge le plus vert à celui de la maturité, il a toujours su donner au-delà de leurs espoirs à ceux qui lui ont fait confiance.
De sa vie de publicitaire, il a gardé la faconde, le goût pour les formules qui frappent l’esprit. Lorsqu’il lance le concept de La Cabane perchée, les forêts françaises viennent d’être dévastées par la tempête du siècle. D’autres se seraient découragés de construire des cabanes dans les arbres. Lui, il en fait un argument de vente : « les arbres qui restent sont forcément les plus solides » ! La boutade résonne presque comme une profession de foi, car si Alain Laurens était un arbre, il serait sans doute fait du bois des chênes, le plus résistant.
Photos © Animal pensant, La Cabane perchée