L’art sud-coréen prend ses quartiers à Paris
À l’occasion de l’année de la Corée en France, le musée Cernushi consacre une exposition à l’art contemporain coréen. Les artistes représentés ont tous vécu une expatriation en France, qui a eu plusieurs types de répercussions sur leur œuvre.
130 ans d’amitié franco-coréenne
De septembre 2015 à août 2016, la France se parera des couleurs de la Corée pour célébrer une amitié vieille de 130 ans : en 1886, les deux pays entament leurs relations diplomatiques avec la signature d’un traité d’amitié et de commerce. L’année France-Corée, soutenue par l’Institut français et le ministère des Affaires étrangères, marque une consolidation de ce partenariat à travers la promotion de la culture coréenne en France. Les théâtres, musées, cinémas et espaces publics de l’Hexagone accueilleront toute l’année des manifestations artistiques, scientifiques, sportives ou encore gastronomiques. Entre mars et décembre 2016, ce sera au tour de la Corée de mettre la culture française à l’honneur sur son territoire.
Cette démarche s’inscrit dans une tradition historique de diffusion culturelle vers l’international : elle trouve ses origines dans l’Ancien régime et s’est densifiée au fil des ans. Chaque année, la France rend un hommage intellectuel et culturel à une nation et témoigne ainsi de son ouverture au monde.
Séoul-Paris-Séoul
Parmi les manifestations phares de cette année France-Corée : l’exposition d’art contemporain proposée par le musée Cernuschi à Paris jusqu’au 7 février 2016. L’établissement, spécialisé dans les arts asiatiques, a réuni 60 œuvres venues du Musée national d’art Moderne de Corée, du musée Lee Ungno de Daejeon et de collections privées. Intitulée « Séoul-Paris-Séoul », l’exposition est construite autour de la notion d’échange interculturel : les 22 artistes coréens représentés ont tous vécu en France à partir des années 1950. Autant d’expériences de l’expatriation qui auront contribué à l’épanouissement de l’art contemporain coréen. De Lee Ungno à Yoon-Hee - des pionniers aux contemporains -, le spectateur peut admirer les créations de trois générations de plasticiens qui ont donné à la scène coréenne une audience internationale.
Les différents langages de l’art
Pour mettre en relief la diversité des styles et des techniques employés par ces 22 artistes, la scénographie de l’exposition repose sur un véritable parti pris : elle n’hésite pas à mettre en parallèle des œuvres qui, a priori, n’ont d’autres liens que celui de la nationalité de l’artiste.
Ces face-à-face créent d’intéressants jeux de miroirs. Les peintures de Lee Bae et sa réflexion autour de la densité organique du charbon de bois renvoient à la minéralité des étranges paysages lunaires de Shim Kyung Ja. Exposés aux côtés des œuvres de Park in-Kung, les tableaux du pionnier du modernisme coréen, Lee Ungno, servent de support à une réflexion sur l’émergence progressive de l’art contemporain, encore empreint de références à l’académisme pictural asiatique.
Entre l’apparition de nouveaux courants artistiques et la persistance de techniques traditionnelles, le spectateur est amené à se poser la question des éléments communs aux œuvres. Quelques pistes sont proposées : l’influence de la calligraphie dans les créations ou encore les fréquentes références aux coutumes.
L’exposition constitue quoi qu’il en soit une éblouissante démonstration de la richesse picturale coréenne. Nul hasard si la scène artistique de ce pays est considérée, à l’heure actuelle, comme l’une des plus dynamiques du continent asiatique.