C’est pour rendre compte précisément de l’évolution des pratiques des Français et pour appréhender leurs aspirations en la matière qu’est publié par le ministère de l’économie, chargé aussi de la transition numérique, le Baromètre du numérique dont la présente édition porte sur l’année 2022. 

Initié en 2000, ce sondage récurrent auquel ont répondu cette année près de 5000 personnes représentatives de la population française est ainsi devenu un baromètre de référence qui a concrètement pour objectif de :

• mesurer l’adoption des équipements numériques par les Français et étudier leurs pratiques dans ce domaine ;
• détecter les inégalités d’accès aux différents services offerts par le numérique et les difficultés dans les compétences, qu’elles soient « volontaires ou subies » ;
• permettre à l’Etat et à la puissance publique en général d'anticiper les grandes tendances pour « mettre en œuvre 
une politique favorisant l’appropriation du numérique par tous ». 

Plusieurs enseignements peuvent être tirés de ce baromètre, à commencer par le fait que le numérique s’est carrément imposé dans la vie quotidienne des Français. 

En dessous de 70 ans, note en effet l’étude, la part des internautes dépasse 96% dans chaque catégorie d’âge. En moyenne, les Français regardent un écran (quel qu’il soit) 32 heures par semaine et plus de la moitié de la population passe en moyenne plus de trois heures par jour devant un écran, le smartphone étant l’un des équipements numériques les plus utilisés en 2022, avec 87% de la population équipée (+3 points par rapport à 2020).Le smartphone est ainsi devenu « l’outil qui symbolise le plus fortement l’accès aux usages numériques » : sa diffusion continue d’augmenter et il devient l’équipement le plus plébiscité avant l’ordinateur.

Plus précisément, quels que soient les outils numériques utilisés, les Français privilégient partout l’accès à internet. Ils surfent sur internet tous les jours, y compris « dans les interstices de la vie quotidienne, les temps morts ». Dans les moments d’attente ou de trajet, les Français interrogés déclarent qu’il vont sur internet (70%), qu’ils regardent des vidéos (50%), jouent (47%), envoient des SMS (76%), au « détriment des activités plus traditionnelles comme la lecture d’un livre ou d’un journal papier (53% contre 63% en 2013) ».

Selon le Baromètre, « certains usages montrent des signes de reflux ». C’est le cas des réseaux sociaux (62% contre 67% en 2020), déjà abandonnés par les plus jeunes depuis quelques années (68% contre 84% en 2017). Les usages plus traditionnels sont toutefois bien ancrés : la recherche d’emploi progresse lentement (29% contre 26% en 2017) et les démarches administratives et fiscales, même si elles n’évoluent plus beaucoup sur le long terme, connaissent déjà un niveau élevé (71% de la population, comme en 2020, contre 67% en 2017).

Du côté des achats en ligne qui avaient « bondi pendant la crise sanitaire », cette habitude n’est pas retombée et la tendance se confirme (77% contre 76% en 2020). Enfin, seule 7% de la population française possède un casque de réalité virtuelle, mais un Français sur cinq a déjà essayé ce nouvel outil et 1 sur 5 aimerait le faire !

Davantage de personnes rencontrent des freins à la « pleine utilisation du numérique ». C’est aussi l’un des constats du Baromètre qui souligne que 48% des Français éprouvent au moins une forme de difficulté qui les empêche d’utiliser les outils numériques et internet (+13 points par rapport à 2020). Mais, plus que l’équipement ou l’accès à internet, c’est la complète maîtrise des outils numériques qui reste le premier frein (25%, +7 points par rapport à 2020). Selon les auteurs du sondage, cette contradiction avec la progression des usages du numérique peut s’expliquer par le fait qu’une « utilisation plus importante des outils numériques peut aussi s’accompagner d’une prise de conscience de ses limites ».

Pourtant, avec la pandémie, l’ensemble de la population a été amenée « à prendre en main des outils parfois peu familiers », que ce soit pour maintenir des liens avec les proches, dans le télétravail et les cours en ligne ou dans les démarches administratives dématérialisées. Ainsi conclut l’étude sur ce point, deux ans après le début de la crise sanitaire, en moyenne, « plus d’un Français majeur sur deux estime mieux maîtriser ces outils », même si la part de personnes ayant parfois des difficultés à effectuer des démarches administratives en ligne augmente (54%, + 16 points par rapport à 2020). Pour venir à bout de ces difficultés, à noter qu’il existe désormais en France près de 4000 conseillers numériques dont la mission est « d’accompagner la montée en autonomie des personnes en difficulté avec le numérique, via notamment des ateliers de formation ».

• Le dossier de presse du ministère de l'économie
• Le baromètre (chiffres clés)