La France, reine de l’animation
Depuis une vingtaine d’années, le cinéma d’animation compte au nombre des spécialités hexagonales. Les talents français, formés dans des écoles de renommée planétaire, sont employés dans les studios du monde entier. Encore une french touch que la planète s’arrache.
Une production animée de renommée mondiale
En 2005, le British Film Institute publie une liste de « 50 films à voir avant d’avoir 14 ans ». Aux côtés de classiques tels que The Kid de Charlie Chaplin, Le magicien d’Oz ou E.T. l’extraterrestre, on retrouve Kirikou et la sorcière, de Michel Ocelot. À sa sortie en 1998, ce dessin animé marque le début d’une période faste pour l’animation française.
Dans la compétition pour l’Oscar du meilleur film d’animation, récompense créée en 2002, les petites productions françaises (Les Triplettes de Belleville en 2003, Persepolis en 2008, L’Illusionniste en 2011, Une vie de chat en 2012 et, dernièrement, Ernest et Célestine en 2014) viennent régulièrement tenir tête aux blockbusters de Disney et consorts.
En dessin animé, la french touch s’exporte aussi
Ce succès est dû à l’existence en France d’un tissu dense de formations, d’entreprises et de débouchés dans le cinéma d’animation. Gobelins, Supinfocom (séparée aujourd’hui en 2 entités distinctes, MOPA à Arles et Supinfocom Rubika à Valenciennes), La Poudrière… : les écoles françaises sont réputées dans le monde entier.
On parle beaucoup de l’enthousiasme suscité par la french touch dans les musiques électroniques, mais en animation aussi, on recherche le savoir-faire tricolore. Aux États-Unis, on loue la subtilité du trait et la précision des mouvements à la française. Réalisateur d’« Astérix et le Domaine des dieux », Louis Clichy est diplômé des Gobelins et ancien des studios Pixar. Il témoigne de cet engouement : « À Pixar, tout le monde connaissait et admirait Les Triplettes de Belleville. Les Français ont clairement une patte qui sort du lot. »
Diffusion de savoir-faire ou fuite des cerveaux ?
Depuis l’ouverture du cursus des Gobelins en 1974, près de 80 écoles spécialisées ont vu le jour. Un véritable vivier de talents pour Disney, Pixar et Dreamworks qui n’hésitent pas à venir débaucher les élèves dès la fin de leurs études.
Et c’est là que le bât blesse. Si les talents français sont au rendez-vous, la production nationale peine à suivre. Plus gros employeur du secteur en France, le studio d’illustration Mac Guff est la propriété d’un groupe américain. Moïra Marguin, manager pédagogique du département Cinéma d’animation aux Gobelins, est déterminée à affronter cette réalité. « L'industrie lourde est partie, tout ce qui nous reste, c'est la capacité de concevoir. La french touch, il va falloir qu'on se batte pour la garder. »