La force de la pensée
Qui n’a jamais rêvé de contrôler les objets par la seule force de la pensée ? La jeune chercheuse ukrainienne Nataliya Kosmyna, post-doctorante à l’Inria de Rennes, travaille à la concrétisation de ce vieux rêve.
Je pense, donc j’agis
La frontière entre la science et le paranormal est parfois mince. Ce que le chercheur américain Joseph Banks Rhine nommait « psychokinèse » au début du XXe siècle pour décrire des phénomènes de déplacement d’objet par la pensée, Nataliya Kosmyna le rend aujourd’hui possible grâce à ses interfaces cerveau-machine.
Au sein de l’équipe « Hybrid » de l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) de Rennes, l’un des principaux centres de recherche informatique d’Europe, cette chercheuse de 25 ans développe un logiciel révolutionnaire, capable de traduire l’activité électrique du cerveau pour contrôler des appareils à distance. Le principe : associer leurs commandes usuelles (allumer, éteindre…) à des images mentales simples (un nuage, un jardin…). Ces images seront transmises au logiciel par l’utilisateur grâce à un casque muni d’électrodes. Converties en informations, elles seront ensuite transférées à l’appareil via Internet. Le concept est simple à comprendre mais complexe à mettre en œuvre.
De Zapojie à Grenoble
« Ma mère est neurologue. J’ai toujours vu des schémas et des images du cerveau à la maison », explique la jeune chercheuse. Née Zapojie, en Ukraine, Nataliya Kosmyna décroche son bac à 15 ans avant de partir étudier à Grenoble à 20 ans en tant que boursière de l’ambassade de France. Elle suit un master en informatique à l’Université de Grenoble. Elle y soutiendra sa thèse sur le co-apprentissage dans les interfaces cerveau-machine trois ans plus tard, en 2016.
Aujourd’hui en post-doctorat, Nataliya Kosmyna explore les moyens d’appliquer ses recherches dans le secteur paramédical. Son ambition : permettre aux personnes en situation de handicap moteur d’allumer une lampe, d’ouvrir les volets ou de changer l’inclinaison de leur lit de manière autonome.
Un projet qui reçoit l’encouragement des organismes français. En octobre 2016, Nataliya Kosmyna a décroché la bourse L’Oréal-Unesco pour les femmes et la science. D’une valeur de 20 000 euros, elle lui permettra d’entamer ses premiers essais cliniques avec des volontaires. En novembre, le Prix de thèse de la Communauté Université Grenoble Alpes lui a également été décerné.
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