« La bio partout et pour tous »
Derrière ce slogan engagé, un poids lourd du lait biologique français : Biolait. Cette entreprise adepte de l’économie solidaire regroupe des producteurs de toute la France avec un idéal : concentrer éthique et rentabilité dans une bouteille de lait.
L’union fait la force
« Biolait a une âme de coopérative dans un corps d’entreprise » résume son président Christophe Baron. Cet organisme de collecte de lait n’est pourtant pas une entreprise comme les autres. Elle se caractérise par un modèle de gouvernance démocratique, une vocation à l’économie solidaire et un engagement environnemental qui la distingue des modèles d’agriculture productiviste.
Créée en 1994 par 6 producteurs, Biolait encourage le développement de la filière du lait biologique en cherchant à rassembler autour d’un projet. Contrairement aux autres acteurs coopératifs du secteur laitier, le groupe ne limite pas son champ d’action à une zone géographique. Où qu’il se trouve, un éleveur de vaches laitières peut intégrer Biolait et bénéficier d’un système de collecte et de distribution auprès des clients.
Le groupement a aussi pour mission de veiller à la stabilité des prix de vente de façon à garantir la rentabilité du produit. De l’Ouest de la France au Massif central, Biolait achète le lait de ses membres au même prix, quels que soient les coûts logistiques générés par la collecte. « Un producteur qui fait l’effort de produire du bio doit être encouragé, et cela passe aussi par la solidarité entre producteurs », postule Christophe Baron et ses 650 associés issus de 54 départements français.
Le leader du lait bio français
Il y a quelques mois, Biolait fêtait ses 20 ans. Le bel âge pour cette entreprise aujourd’hui leader dans la collecte de lait biologique en France. D’abord structurée sous forme de GIE (groupement d’intérêt économique), Biolait devient en 2006 une SAS (société par actions simplifiée) avec un plafond d’investissement limité à 250 euros par associé.
Ce groupement pèse aujourd’hui 27 % de la production de lait biologique français. En 2014, 135 millions de litres ont été vendus à de petits artisans ou à de grandes multinationales établis aux quatre coins de l’Europe. Le système a fait ses preuves : en 2009, les producteurs de Biolait ont été épargnés par la crise qui a secoué le secteur.
Qu’est qu’un lait bio ?
Selon le règlement européen de 2009, pour bénéficier du label « bio » la vache laitière doit consommer de l’herbe sans engrais, disposer d’un espace minimal et pâturer autant que possible, être soumise de façon limitée à des traitements antibiotiques. En plus de la démarche environnementale, le lait bio se distingue du lait traditionnel par le goût, la texture et un risque allergène limité. Le label « 100 % agriculture biologique » est le seul à garantir la parfaite traçabilité du produit.
Le lait bio plébiscité par les consommateurs
En 2014, la consommation de lait biologique a progressé de 11 % selon l’Agence Bio (Agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique). La tendance devrait se poursuivre et s’internationaliser : en Chine, les classes aisées de la population sont aussi en train d’évoluer vers ce type de consommation. Face à cette demande accrue, le secteur pressent la pénurie.
La fin des quotas laitiers votée par la Commission européenne au 1er avril 2015 ne changera rien. Pour un éleveur laitier en bio, nourrir le cheptel avec des aliments produits hors de sa ferme n’est pas rentable : liée à la surface d’une exploitation, la capacité de production dans la filière biologique est limitée par nature. Pour augmenter l’offre, « l’objectif de Biolait est de convaincre de nouveaux producteurs de nous rejoindre » déclare Christophe Baron.
Une filière d’avenir ?
L’Agence Bio a constaté en 2014 une hausse de 3,4 % des conversions des élevages laitiers vers la bio, portée par les aides publiques soutenant la démarche. Mais le secteur est confronté aux enjeux délicats de la transmission à la génération suivante. Si cette difficulté concerne le monde agricole en général, elle s’accompagne ici d’un risque supplémentaire : que le repreneur d’un élevage bio décide de retourner dans le giron de l’agriculture conventionnelle. Christophe Baron estime néanmoins que le phénomène reste limité : « Cela n’est pas aujourd’hui de nature à déstabiliser la filière. »
Pour anticiper cette difficulté, une « aide à la reprise » a récemment été votée au sein du groupement. Son but : inciter au maintien en bio d’une ferme Biolait. Christophe Baron est optimiste : « Les fermes bio représentent 4 % des surfaces agricoles françaises. Mais elles emploient 7 % des actifs agricoles. Dans un contexte global défavorable, nous sommes pourvoyeurs d’emplois : à nous de communiquer pour faire naître la vocation et montrer combien le métier d’éleveur est passionnant ! »