Une mise en scène de la création théâtrale mondiale
Du 4 au 25 juillet 2015 se déroule la 69e édition du Festival d’Avignon, rendez-vous incontournable des amoureux de théâtre. De grands metteurs en scène étrangers participent à cette manifestation résolument tournée vers l’international.
Une manifestation sous le signe de l’Autre
Fondé par le comédien et metteur en scène Jean Vilar en 1947, le Festival d'Avignon est un des plus anciens et des plus prestigieux festivals de théâtre au monde. Pendant trois semaines, au mois de juillet, est présentée une sélection des meilleures pièces et œuvres scéniques de la création contemporaine. Les bâtiments médiévaux d’Avignon, surnommée la Cité des papes, leur servent d’écrin.
Pour sa 69e édition, le metteur en scène et directeur de festival Olivier Py innove. Au programme, de nombreux metteurs en scène peu ou pas connus : 31 des 38 artistes invités viennent ainsi pour la première fois. La moitié des spectacles se donne en langue étrangère. Une ouverture à l’international en phase avec le fil conducteur de cette année : l'altérité, le rapport à l'autre, qu’il s’agisse de l’inconnu, de l’oublié, ou encore de l’étranger.
Le Richard flamboyant de Thomas Ostermeier
Le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier, directeur du théâtre berlinois de la Schaubühne depuis 1999, est l’une des têtes d’affiche du festival. C’est un habitué de l’événement : il a déjà présenté à Avignon sa version de « Hamlet » en 2008, et une adaptation du Mariage de Maria Braun en 2014. Aujourd’hui, il met en scène le « Richard III » de Shakespeare, avec l’acteur Lars Eidinger dans le rôle du roi bossu.
Donnée à Berlin depuis février, la pièce rencontre un véritable triomphe. Programmée onze fois – un record pour le festival – elle a recueilli une standing ovation lors de sa première le lundi 6 juillet dans la Cour des Papes. Si la pièce plaît tant, c’est que Thomas Ostermeier est fidèle à la recette qui a fait son succès : il se réapproprie un chef-d’œuvre du répertoire classique en lui insufflant beaucoup de modernité. Il n’hésite pas à recourir à la prose plutôt qu’au vers, à remplacer les costumes d’époques par des habits plus contemporains, mais aussi à faire intervenir un musicien qui joue de la batterie sur scène.
La version épurée d’Antoine et Cléopâtre de Tiago Rodrigues
Le metteur en scène Tiago Rodrigues a été récemment nommé directeur du Théâtre national Dona Maria II de Lisbonne, l’équivalent portugais de la Comédie Française. Il rencontre un grand succès dans son pays natal, où il monte les textes de jeunes auteurs portugais. Il multiplie aussi les collaborations à l’étranger. Sa pièce « By heart », présentée au Théâtre de la Bastille en 2014, faisait du public un acteur à part entière le temps d’une performance passionnante et émouvante autour de la mémoire.
Pour le festival d’Avignon, il propose une version intimiste de la pièce « Antoine et Cléopâtre ». La mise en scène est très épurée : le plateau est dépouillé, à l’exception d'un mobile rappelant le cosmos. Deux jeunes danseurs-comédiens, en couple à la ville comme à la scène, se donnent la réplique. Un pari audacieux, pour la grande première du dramaturge portugais dans la Cité des Papes.
Le vivier poétique de Valère Novarina
La notoriété de l’auteur et metteur en scène franco-suisse Valère Novarina n’est plus à faire. Son théâtre, qui échappe aux règles traditionnelles de la narration, présente une telle singularité que « novarinien » est devenu un signifiant en soi : il renvoie à une dramaturgie où la langue est considérée comme un fluide que l’expérience scénique rend visible.
Le « Vivier de noms », qu’il a créé spécifiquement pour le festival, correspond aux thématiques qui lui sont chères. Une multitude de personnages déambule au fil de cette pièce tour à tour cocasse et émouvante, dans laquelle Novarina s’amuse à déconstruire le langage et moque avec tendresse l’absurdité de l’existence humaine.
Crédits photographiques : Richard III / © Christophe Raynaud de Lage