Cadeaux de fin d'année : offrir un livre à tout prix !
Des plus connus aux plus inattendus, petit tour d’horizon des prix littéraires en France et des livres primés en 2023 à offrir où à s’offrir.
Cent, deux cents, plus encore ? On ne sait pas… On ignore au juste combien la France compte de prix littéraires. Le Grand Prix de l’Académie française, à lui tout seul, décerne 65 distinctions ! Chaque prix prestigieux, comme le Prix Goncourt, compte trois ou quatre catégories ! Car il y a des prix pour chacun des genres littéraires : romans, poésies, nouvelles, essais, et même, des sous-catégorie : ouvrages français et étrangers ! Bref, on s’y perd. Le but n’est pas ici d’en faire un catalogue, simplement de signaler quels sont les romans « primés » qui méritent, à plusieurs titres, une attention particulière, surtout quand ils sont l’œuvre d’un ancien étudiant étranger en France ! Deux d’entre eux ont en effet reçu un prix littéraire cette année. En règle générale, on le verra, les prix littéraires en France, en tout cas cette année, viennent souvent couronner un auteur étranger ou, quand c’est un auteur français ou francophone, une œuvre « d’inspiration étrangère ».
Des prix ciblés et engagés
Moins connus que les « grands prix » dont il sera question plus bas, mais plus ciblés, viennent deux distinctions, dont tout d’abord le Prix du roman des étudiants. Ce prix, créé par la radio nationale France Culture, avec le soutien du ministère de l’enseignement supérieur, récompense une œuvre écrite en langue française issue de la rentrée littéraire et élue par un jury composé de 1500 étudiants de toutes filières et de toute la France. La lauréate de cette édition est l’écrivaine d’origine marocaine, Salma El Moumni pour son premier roman Adieu Tanger (Editions Grasset). Comme l’écrit son éditeur, le premier roman de Salma El Moumni, ancienne étudiante internationale en France (Ecole Normale Supérieure de Lyon) raconte le pouvoir destructeur du regard des hommes sur les femmes : « De sa plume acérée, la jeune romancière marocaine explore la question du désir, de la dissociation et de l’impossible retour. Une entrée fracassante en littérature ».
Dans la même veine, le Prix littéraire des étudiants de Sciences Po récompense chaque année « un roman francophone traitant d’un sujet de société de façon engagée ». En 2023, Nasim Vahabi, écrivaine d’origine iranienne, a remporté ce prix littéraire, pour son roman Je ne suis pas un roman (Tropismes éditions) qui conduit « le lecteur de personnage en personnage en dressant le portrait de la société iranienne contemporaine ». L’autrice, ancienne étudiante en France (Université Paris-Nanterre), a ainsi « dédié le prix aux Iraniens et Iraniennes qui risquent leur vie pour réclamer la liberté, ainsi qu’à tous les écrivains et écrivaines qui essaient de contourner la censure ».
Des prix pour un public exigeant
De façon inattendue, le troisième prix le plus vendu en France est le Prix Goncourt des lycéens (tiré à 130 000 exemplaires), créé en 1988 par la librairie FNAC et placé sous le haut patronage du ministère de l’éducation nationale. Il a été décerné cette année à Neige Sinno pour son roman Triste Tigre (éditions POL). Ce roman très autobiographique et personnel est le récit de l’inceste dont l’autrice a été victime enfant. « Des années plus tard, Neige Sinno livre un récit déchirant sur ce qui lui est arrivé. Sans pathos, sans plainte », écrit à son propos le ministère de l’éducation nationale. Dans la liste des finalistes de ce prix figurait Akira Mizubayashi, écrivain japonais francophile et ancien étudiant en France, pour son roman Suite inoubliable (Editions Gallimard) qui relate l'épopée d'un jeune violoncelliste japonais fauché par la guerre en 1945 et de son précieux instrument.
Le prix Goncourt des lycéens, attribué par des classes de lycées, est donné chaque année à une œuvre audacieuse dans ses thèmes, particulière dans sa forme, souvent plus « moderne » et délaissée par les autres grands prix littéraires. Et pourtant, le roman de Neige Sinno a aussi reçu un deuxième distinction cette année, le Prix Femina (120 000 exemplaires), un prix créé en 1906 en réaction au Prix Goncourt jugé misogyne, qui récompense exclusivement une œuvre féminine. A noter d’ailleurs que le Prix Femina du roman étranger a été décerné en 2023 à l’Américaine Louise Erdrich, pour son roman La Sentence (Editions Albin Michel), qui raconte l’histoire d’une libraire amérindienne « confrontée aux fantômes du passé et au racisme du présent ».
Un autre prix, à tonalité carrément plus intellectuelle, le Prix Médicis, récompense chaque année un ouvrage francophone original. En 2023, c’est le Canadien Kevin Lambert pour son roman Que notre joie demeure (Editions Le Nouvel Attila), un roman charge sur « la classe dirigeante et l’entreprise » qui a été élu. Cette « fresque sociale dans le monde des ultra-riches à Montréal » est nuancée par le Prix Médicis étranger, attribué à un roman étranger paru en traduction française dans l'année. En 2023, deux prix ex-aequo ont été décernés : à Lídia Jorge, une écrivaine portugaise, pour son roman Misericordia (Éditions Métailié), une « réflexion sur l'humanité et un hommage à sa mère », et à Han Kang, autrice sud-coréenne, pour son roman Impossibles adieux (Editions Grasset), une fiction qui se situe « entre vision magique et cauchemar historique ».
Dans la ronde des très grands prix
Il est temps maintenant d’entrer dans le cercle très fermé des « très grands prix », prix populaires par excellence. Le plus célèbre des prix littéraires français, le Prix Goncourt, tiré chaque année à environ 300 000 exemplaires, est le cadeau le plus facile qui soit. Quel est le Français qui n’en a pas découvert un exemplaire au pied de son sapin ? Le Prix Goncourt 2023 a ainsi été attribué à Jean-Baptiste Andrea pour son roman Veiller sur elle (Editions de L’Iconoclaste), un roman dont l’action se situe en Italie et qui entrecroise deux récits : celui d’un sculpteur et celui d’un de ses œuvres, une pietà, qui aurait des pouvoirs hypnotiques ! Dans l’ordre des tirages, vient ensuite le Prix Renaudot (200 000 exemplaires) un peu moins populaire que le précédent. Il est allé à la romancière Ann Scott pour son roman Les Insolents (Editions Calmann-Lévy), retraçant l’histoire d’une compositrice de musique de films, qui décide de quitter Paris pour se réinventer, souhaitant vivre ailleurs et seule…
Pour compléter cette petite ronde des grands prix, on citera enfin le Grand prix du roman de l'Académie française (tiré à 50 000 exemplaires) qui récompense « l’auteur du roman que l’Académie a jugé le meilleur de l’année ». En 2023, il s’agit de Dominique Barbéris, une universitaire qui a enseigné les lettres à Sorbonne Université pour son roman Une façon d’aimer (Editions Gallimard), une fiction qui raconte une histoire d’amour à l’époque des colonies, au moment de l’indépendance du Cameroun.
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