Tierno Monénembo : l’exil dans la voix
Le Guinéen Tierno Monénembo est un des écrivains les plus importants de la littérature africaine. L’errance et l’exil sont au cœur de son œuvre. Son nouveau roman, « Les coqs cubains chantent à minuit », explore les racines du métissage cubain.
L’Afrique à Cuba : un Guinéen sur les traces de son histoire
En librairie depuis le 8 janvier, « Les Coqs cubains chantent à minuit » nous entraîne dans le sillage d’Ignacio Rodriguez Aponte, un vieux Noir de La Havane qui gagne sa vie en cueillant à l’aéroport les touristes occidentaux. Jusqu'au jour où il rencontre El Palenque, natif de Guinée venu découvrir ses racines à Cuba. « Nous venons tous d’Afrique, mais pas en même temps, pas dans le même bateau. » L’écrivain a passé trois mois en résidence sur place pour écrire ce livre, véritable hymne aux origines africaines de Cuba.
De l’errance au voyage : la naissance d’un écrivain nomade
Né en 1947 en Guinée, Tierno Monénembo fuit la dictature de Sékou Touré à la fin des années 1960. Ce départ est le premier d’une longue série qui forgera chez l’écrivain un tempérament nomade. Après avoir trouvé refuge au Sénégal puis en Côte d’Ivoire, il rejoint la France en 1973. Il obtient un doctorat en biochimie à l’université de Lyon. Il part ensuite enseigner au Maroc et en Algérie. Au fil des années et de l’écriture, le sentiment premier d’exil se mue en goût du voyage. L’écrivain a fait de cette géographie poreuse la clef de voûte de l’ensemble de son œuvre, publiée aux éditions du Seuil depuis ses débuts.
Deux romans entre France et Guinée
C’est en habile conteur que Tierno Monénembo mêle la grande Histoire à la fiction pour explorer des thématiques telles que l’exil, l’errance et la recherche des racines. Deux de ses romans interrogent les liens entre France et Guinée : « Le Roi de Kahel », qui obtient le prestigieux Prix Renaudot en 2008, et « Le Terroriste noir », couronné par le prix Erckmann-Chatrian et le Grand Prix du roman Métis. Ces deux récits peuvent se lire en miroir : le personnage principal de l’un quitte la France et devient une figure historique africaine. L’autre, originaire d’Afrique, jouera un rôle décisif dans la Résistance française.