La littérature francophone propulsée par sa genèse africaine
Le prestigieux Man Booker Prize international vient de dévoiler sa short-list. En lice, deux écrivains francophones sensibles à la thématique du post-colonialisme : la Guadeloupéenne Maryse Condé et le Franco Congolais Alain Mabanckou.
Le Goncourt anglais
Lancé en 2005, le Man Booker Prize International est un complément au plus important prix littéraire du Royaume Uni, le Booker Prize crée en 1968. Ce dernier prime uniquement les romans de fiction en langue anglaise alors que le nouveau Man Booker Prize International s’adresse à toutes les nationalités et récompense l’ensemble du travail d’un auteur. À la clé, 60 000 £ et une répercussion mondiale. À l’image du Goncourt, le prix Booker est une garantie d’explosion du lectorat. Cette année, les finalistes Maryse Condé et Alain Mabanckou font rayonner la littérature francophone à l’international.
Maryse Condé, l’univers créole
Les romans de Maryse Condé explorent les thématiques du multiculturalisme, du sexisme et de l’esclavage, à travers des époques et des décors variés. Le ton est percutant et empreint d’une certaine forme de rébellion. Maryse Condé a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages, dont La Vie scélérate (Prix de l’Académie française) et Moi, Tituba sorcière noire de Salem (Grand Prix littéraire de la Femme). Traduits en plus de 12 langues, ses romans sont appréciés par le lectorat américain et de plus en plus étudiés dans les universités. Présidente du Comité pour la mémoire de l’esclavage, Maryse Condé et a reçu la légion d’honneur en 2014.
Alain Mabanckou, de l’humour noir
Alain Mabanckou incarne le combat contre le racisme ordinaire avec humour et autodérision. Son œuvre est animée par une galerie de personnages farfelus, souvent pris entre deux cultures, l’africaine et l’occidentale. Des romans drôles pour des questions sérieuses. L’identité noire post-coloniale est au centre de son œuvre, avec un « moi » en toile de fond omniprésente. Romans, nouvelles, poésie, anthologies, essais… Alain Mabanckou est un auteur prolixe qui ne se cantonne pas à un genre ou un moyen d’expression. Il est l’auteur de Mémoires de porc-épic (prix Renaudot) ou de L’usure des lendemains (Prix de la société des poètes français) et enseigne la littérature francophone à l’Université de Californie à Los Angeles.
L’important c’est de rayonner
Après Patrick Modiano sacré Nobel de littérature en 2014, la littérature francophone est à nouveau sur le devant de la scène. En plaçant le thème du multiculturalisme au cœur de leurs œuvres, Maryse Condé et Alain Mabanckou offrent le visage d’une littérature francophone en phase avec son époque. Résultat le 19 mai à Londres.
Photos : © MEDEF, BALTEL/SIPA