Atelier Lyrique de l'Opéra national de Paris : un tremplin pour les voix de demain

Depuis 2015, l'Atelier lyrique de l'Opéra de Paris propose un programme de perfectionnement pour chanteurs et coachs. Des formations musicales et théâtrales rejoignent des projets scéniques.

MAUDITS LES INNOCENTS : PREMIÈRE REPRÉSENTATION DE L'ANNÉE POUR LES SOLISTES DE L'ATELIER

Sopranos, ténors, baryton… Ils sont douze cette année, originaires de Russie, d'Italie ou du Guatemala à se former à l'Atelier lyrique de l'Opéra de Paris. Les participants sont triés sur le volet. Ils veulent tous devenir chanteur-soliste.

Depuis la rentrée, les étudiants de l'atelier préparent activement leur prochaine prestation. L'opéra Maudits les innocents est une création originale et sera joué pour la première fois en décembre. Quatre jeunes compositeurs du Conservatoire de Paris ont mis en musique le livre de l'écrivain Laurent Gaudé.

En 1212, des adolescents partent en croisade en Terre Sainte. L'expédition les mènera à leur perte. C'est un chapitre sombre de notre histoire, dans lequel le metteur en scène Stephen Taylor voit l'occasion de marteler "la dérive de nos croyances et de notre idéologie".

"UN TRAVAIL TEXTUEL NÉCESSAIRE"

Ce matin, dans la salle de répétition Debussy de l'Opéra Bastille, l'ambiance est studieuse. Autour du piano, deux solistes travaillent sur l'acte II de l'opéra. Le baryton Andriy vient d'Ukraine. Il incarne le pape Innocent III, qui s'oppose au projet des adolescents. Devant lui se trouve Arto, un ténor français d'origine arménienne, qui joue le Messager.

Sous la direction du metteur en scène Stephen Taylor, la répétition commence par une lecture musicale. Les chanteurs réchauffent leur voix. Chaque phrase et chaque mot sont expliqués : avant que le chant ne commence, les solistes doivent sentir le texte pour incarner leur personnage en pleine personnification. Ton, diction, prononciation, le metteur en scène ne fait pas exception. Ensuite, les deux solistes prennent place sur une scène improvisée. Les voix se libèrent enfin.

« Ce travail textuel est un exercice nécessaire pour ces chanteurs d'origines linguistiques diverses. Plusieurs parlent très bien le français, d'autres un peu moins. Tout le monde doit être sur un pied d'égalité », souligne Stéphane Resche, assistant de mise en scène.

UNE FORMATION MUSICALE ET THÉÂTRALE POUR SE PERFECTIONNER

Arto a 30 ans. Il est arrivé à l'atelier en octobre dernier. Cette formation est un peu sa « carte de visite » pour l'avenir, explique-t-il. Andriy, 27 ans, partage ce sentiment. Il vient d'entamer sa troisième année à l'atelier et apprécie toujours les échanges culturels avec les autres chanteurs.

Pendant une saison ou deux, les solistes travailleront en ateliers avec des spécialistes qualifiés. Des cours de chant, de diction lyrique et de prononciation alternent avec une formation axée sur le jeu théâtral, qui comprend par exemple des modules sur les mouvements du corps ou l'étude des rôles.

L'EXPÉRIENCE DE LA SCÈNE

La confrontation avec la scène est la deuxième mission de l'atelier. Chaque année, les étudiants participent à six ou sept représentations musicales, principalement des récitals et des concerts. La production annuelle d'un opéra leur permet de jouer des rôles majeurs du répertoire lyrique.

En France et à l'étranger, les jeunes chanteurs se produiront sur les grandes scènes et soumettront leur travail au jugement de leur public. Ils ont la possibilité d'être repérés par des directeurs de casting ou des chefs d'orchestre. Tout comme la soprano russe Elena Tsallagova, pour n'en citer qu'une : ancienne élève de l'Atelier lyrique, elle tient le rôle féminin principal dans Pelléas et Mélisande, joué à l'Opéra Bastille.